C’est avec tambours et trompettes qu’est vécue l’arrivée de Nigel dans le championnat américain. Pratiquement inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, il frappe d’entrée en s’imposant dès sa première course, à Surfers Paradise, Australie, après avoir conquis la veille sa première pole-position ! C’est une performance phénoménale, et surtout historique !
Il pilote une Lola-Ford aux couleurs du Newman-Haas racing et frappée du fameux numéro 5 … rouge. Son équipier n’est autre que le vétéran Mario Andretti, légende vivante du sport US, qui 13 ans plus tôt avait été son premier équipier en F1! Aux essais de la seconde course de la saison à Phœnix, la première sur oval, Nigel est victime d’un gros crash dû sans doute à une crevaison. Sa voiture heurte violemment le mur de l’arrière et Nigel est sorti inconscient de sa monoplace. C’est son plus gros accident depuis Suzuka 1987 et son dos va encore une fois mal le supporter. Il est bien sûr forfait pour la course et subira des infiltrations qui l’handicaperont de nombreuses semaines. Son grand retour à la compétition a lieu à Long Beach où il réussit la pole! A Indianapolis, Nigel dispute ses premiers 500 miles. Ses essais sont concluants et sa course sera fantastique. Parfaitement à l’aise sur le Brickyard, il est en tête à moins de 20 tours de l’arrivée. Malheureusement, le débutant qu’il est se fait surprendre à la fin de la dernière neutralisation par Fittipaldi et Luyendyk pour finalement finir 3ème. Il est évidemment sacré « rookie » de l’édition 1993. Une semaine plus tard il s’impose sur l’oval de Milwaukee. Il y a fort à parier que si Indy n’avait pas été sa toute première course sur oval il l’aurait emporté…
La suite de la saison se résume à une domination de l’équipe Penske sur les circuits routiers et de Nigel sur les ovals. C’est sur ce type de circuit qu’il remporte ses trois autres courses, à Michigan, New Hampshire (le jour de ses 40 ans!) et Nazareth. Bilan surréaliste de la saison pour ce débutant hors normes : 5 victoires, 7 poles et le titre! Tout au long de l’année Nigel a montré au public américain sa maîtrise, de Milwaukee à Laguna Seca en passant par Cleveland ou Road America. C’est à Nazareth, dans le fief des Andretti, qu’il remporte le trophée IndyCar en décrochant son cinquième succès de l’année (le quatrième sur oval), devant son dauphin au championnat Emerson Fittipaldi. Nigel est alors au sommet de sa popularité et a quasiment tout gagné. Il reçoit aussi les félicitations de ses pairs, d’Amérique mais aussi d’Europe (Frank Williams notamment).
1994 sera une saison beaucoup moins amusante pour un Nigel trop rapidement démotivé. Sa nouvelle monture est nettement moins performante que la précédente et malgré un correct début de championnat (2ème à Long Beach) la saison ne sera qu’une suite de contre-performances à l’image de ce qui s’est produit à Indianapolis quand il est heurté par un attardé sous régime de drapeau jaune! Ce fut certainement l’un des pires souvenirs en course de toute sa carrière, d’autant plus que cela s’est produit dans une période dramatique (quatre semaines après la tragédie d’Imola). Son moral est alors au plus bas et il ne marquera plus beaucoup de points d’ici à la fin de l’année. Il finit la saison au 8ème rang, sans victoire. De plus, il décide de ne pas poursuivre sa relation avec le team Newman-Haas, déçu mais surtout convaincu d’avoir encore un avenir en Formule 1. Son passage aux Etats-Unis aura quand même fait l’effet d’une bombe, et sera surtout le détonateur de nombreux exils plus ou moins forcés à venir dont le plus brillant sera celui d’Alessandro Zanardi.