"Staying On Track", la nouvelle autobiographie de Nigel Mansell

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Nigel Mansell CBE

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"Nigel était aussi bon que Senna et plus rapide que Prost et Piquet"

« Nigel était aussi bon que Senna et plus rapide que Prost et Piquet »

Ce n’est pas moi qui le dit (même si je le pense aussi) mais Peter Windsor…

Peu après son succès en F3 à Silverstone, le patron de Lotus Colin Chapman convie Nigel à une séance d’essais privés sur le circuit du Castelet. Nigel se retrouve, pour ses premiers tours de roues en F1, confronté à l’Italien Elio de Angelis, à l’Américain Eddie Cheever, au Hollandais Jan Lammers et à un autre espoir anglais Stephen South. Elio de Angelis gagne la place de titulaire pour la saison 1980 et quelques jours plus tard Nigel Mansell est nommé pilote essayeur. Le voilà en Formule 1!

Il débute en compétition au GP d’Autriche le 17 août 1980. Qualifié en dernière ligne il abandonne au bout de 40 tours sur casse moteur. Sa course fut cependant héroïque puisque Nigel a souffert le martyr à cause d’une fuite d’essence qui lui brûlait le dos. Trop fier pour s’arrêter, il n’a dû son salut qu’à ce moteur cassé. Il participe au GP de Hollande (abandon) mais ne se qualifie pas à Imola pour le GP d’Italie. C’en est fini de sa saison, mais il signe un contrat pour disputer l’intégralité du championnat l’année suivante.

En 1981, il faut attendre le GP de Belgique à Zolder pour qu’il inscrive ses premiers points. Il termine troisième derrière Carlos Reutemann et Jacques Laffite. Autre moment fort de sa saison, sa troisième place sur la grille à Monaco. Il termine l’année 14ème de son premier championnat du monde. L’histoire veut qu’il ne se qualifie pas au GP de Grande-Bretagne à Silverstone. Sa vengeance sera terrible quelques années plus tard… Colin Chapman croit beaucoup en lui et n’a de cesse de le soutenir. C’est sans hésiter qu’il prolonge son contrat. Il pense sérieusement tenir un prochain champion du monde.

1982 est une saison noire dans l’histoire du championnat du monde. De tous les drames de la saison, le plus marquant est évidemment le tragique accident qui a coûté la vie à l’héroïque Gilles Villeneuve, le funambule Québécois. Nigel, comme tout le paddock, fut terriblement affecté par sa mort. Au volant de sa Lotus, Nigel ne signe qu’un podium en 1982, au Brésil, et termine une nouvelle fois 14ème du championnat du monde des conducteurs. Son année est assez frustrante, mais 1982 reste avant tout pour lui l’année de la mort du père fondateur de Lotus, Colin Chapman. S’il s’agit d’une perte irremplaçable pour l’écurie, c’est aussi la disparition du mentor de Nigel, de celui qui l’avait lancé dans le grand bain et de son plus fort soutien. La nouvelle équipe dirigeante est beaucoup moins confiante en les possibilités du Britannique et 1983 sera une année pénible.

Nigel débute l’année avec le vieux moteur Ford Cosworth atmosphérique qui ne lui permet pas de se battre aux avant-postes. C’est lorsqu’il a droit au moteur Renault turbocompressé pour la seconde moitié de saison qu’il marque enfin quelques points. Il termine troisième à Brands Hatch pour le GP d’Europe. Nigel parvient à prolonger son contrat pour 1984, grâce notamment au soutien de la presse et surtout à sa popularité naissante. Il se retrouve néanmoins en disgrâce dans sa propre équipe depuis la disparition de Colin Chapman.

En 1984 la Lotus est beaucoup plus compétitive et fait même figure de favorite après les tests de l’intersaison. Cette année-là Nigel signe sa première pole-position au GP des Etats-Unis à Dallas, et mène pour la première fois un Grand Prix à Monaco. Dans des conditions de course particulièrement difficiles (il pleut à verse et l’épreuve sera interrompue avant la mi-course!) il part à la faute et touche le rail, c’est l’abandon. Mis de côté dans sa propre équipe par des dirigeants qui ne croient pas en lui (ils recrutent Ayrton Senna pour le remplacer), il ne termine l’année que 9ème. Si c’est la meilleure saison qu’il a connue jusqu’alors en F1, ses résultats contrastent avec la belle 3ème place finale de son coéquipier Elio de Angelis. Pour beaucoup, Nigel n’a pas su saisir sa chance : il ne gagnera jamais un Grand Prix. Pourtant un homme lui fait confiance. Frank Williams recherche un remplaçant à Jacques Laffite et fait venir Nigel dans son écurie.

Son arrivée chez Williams lui offre un nouveau coéquipier en la personne de Keke Rosberg, un champion du monde. C’est donc l’occasion pour Nigel de faire l’étalage de ses qualités, lui qui a tant été dénigré par le passé. Durant les trois quarts de la saison, la Williams n’obtient pas de résultats concluants et Nigel ne parvient pas à marquer beaucoup de points. De plus, il connaît un terrible accident lors des essais du GP de France au Castelet. Le pneu arrière gauche de sa monoplace explose alors qu’il roule à plus de 300 km/h dans la ligne droite du Mistral. Nigel est sorti inconscient de la voiture et les médecins lui interdisent de participer à l’épreuve française du lendemain. Le tournant de sa saison a lieu en Belgique où il signe le meilleur résultat de sa carrière en Formule 1 en terminant deuxième. Sur sa lancée, il gagne son premier Grand Prix la course suivante à Brands Hatch, le jour où Alain Prost remporte son premier titre mondial. C’est le 72ème Grand Prix de Nigel et sa joie est particulièrement communicative. Le voilà entré dans la cour des grands, et débute ce jour-là une période de succès qui va durer deux années. Décidément très en verve, il récidive au GP d’Afrique du Sud qui suit et bat cette fois-ci son champion du monde d’équipier. La démonstration est faite que Nigel a terriblement progressé et mûrit. Il se classe 6ème du championnat du monde et sa montée en puissance ne fait que commencer.

Fort de ses bons résultats de la fin de saison passée, Nigel entame la nouvelle parmi les favoris au titre. Outre Prost, le tenant du titre, et Senna le jeune prodige, un nouvel adversaire se présente avec la venue dans l’écurie Williams du double champion du monde brésilien Nelson Piquet. Dès leurs premières confrontations lors des essais hivernaux c’est le clash! Si les deux hommes sont de caractères totalement opposés, c’est le comportement hautain et grossier de Piquet qui met le feu aux poudres. Cette incompréhension entre les deux hommes n’arrange pas le climat d’une équipe bouleversée par l’accident de son chef Frank Williams. Une semaine avant l’ouverture du championnat, l’écurie effectue une dernière séance d’essais sur le circuit du Castelet. En quittant le circuit, Frank Williams est victime d’un accident de la route. Terriblement touché, il survivra mais restera à jamais paraplégique. Nigel, comme l’ensemble du paddock, est extrêmement choqué par cet événement. Dans une situation aussi grave, les relations entre les deux pilotes de l’écurie vont provisoirement se tempérer. Lors du GP d’Espagne, Nigel est battu par Ayrton Senna de 0″014 soit 93 centimètres ! C’est un record qui rétroactivement coûtera le titre à Nigel. Il faut attendre le GP de Belgique fin mai pour que Nigel signe sa première victoire de la saison. Il enchaîne avec des succès au Canada, en France et en Grande-Bretagne (à Brands Hatch), soit quatre victoires en cinq courses. Il fait alors office de favori pour le titre. Tout au long de l’année les victoires ont été partagées, et ce sont trois pilotes qui arrivent avec une chance d’être champion du monde à Adélaïde pour la dernière manche du championnat. Nigel possède 70 points contre 65 à Piquet et 63 à Prost. La course qui va s’ensuivre restera dans les mémoires comme l’une des plus palpitantes de toute l’histoire du sport automobile. Tour à tour, Mansell, puis Piquet, et enfin Prost sont virtuellement champions du monde. Nigel peut se permettre d’assurer. Il est en tête du classement et une quatrième place lui suffit pour empocher son premier championnat. Le destin, malheureusement se charge de le rattraper. Au 63ème tour, son pneu arrière gauche explose à 300 km/h en pleine ligne droite, et c’est de main de maître qu’il évite l’accident. Il devait s’arrêter aux stands à la fin de ce tour, l’état des pneus de son coéquipier, qui avait stoppé le tour précédent, faisait craindre le pire! Piquet, justement, se retrouve dès lors virtuel champion du monde, puis c’est au tour de Prost. En remportant cette course, le Français conserve son titre et d’une certaine façon prive Nigel d’une couronne qu’il n’aurait pas volée. C’est une désillusion totale pour le Britannique qui compte bien se rattraper l’année suivante.

Le package de l’écurie Williams est le même pour 1987 : Honda, Mansell et Piquet sont rassemblés pour gagner. Et comme pour 1986 il n’y aura jamais de consignes pour laisser gagner l’un ou l’autre : au meilleur de s’imposer! Et le meilleur cette année-là, c’est encore Nigel. Des six Grands prix qu’il remporte, sa plus éblouissante démonstration a lieu à Silverstone, où il humilie son équipier! Un arrêt aux stands imprévu le renvoie sur la piste à plus de vingt-cinq secondes de Piquet à vingt tours de l’arrivée. Dans un premier temps Nigel va combler cet écart, à force de records du tour, et à matériel égal. Il parachève son œuvre en déposant le Brésilien à trois tours de l’arrivée dans un dépassement d’anthologie. Après la course il ira embrasser le sol à l’endroit même de son exploit. Il part en première ligne à chaque départ et lorsqu’il ne gagne pas c’est souvent parce qu’il est contraint à l’abandon. Il perd ainsi de nombreuses courses comme par exemple Monaco où il était facilement en tête avant qu’une soupape ne le trahisse. Un incroyable coup du sort se produit lors du GP de Hongrie qu’il domine jusqu’à ce que l’écrou de fixation de sa roue arrière gauche se détache et le contraigne à l’abandon… sur trois roues! Pendant ce temps, Piquet accumule les places d’honneur et profite des malheurs de Nigel pour remporter trois courses. Le tournant de la saison se produit lors des premiers essais chronométrés du GP du Japon, avant-dernière manche du championnat du monde. Nigel compte alors 12 points de retard sur le Brésilien mais reste sur deux succès consécutifs. Il est plus que jamais l’homme à battre et peut encore gagner le championnat. C’est une terrible sortie de route qui va définitivement faire basculer le championnat en faveur de Piquet. Nigel est durement touché au dos et ne peut disputer les deux dernières courses de l’année… Il restera cloué au lit de nombreuses semaines et ne conduira quasiment pas du tout durant l’intersaison.

Sa fidélité à Williams contraint Nigel à composer avec le faible moteur atmosphérique Judd. C’est un changement radical avec le Honda qui le faisait gagner quelques mois auparavant. En 1988, une grosse partie du plateau s’est mise aux moteurs atmosphériques pour préparer 1989 où les turbos seront bannis. L’inconvénient majeur de ces moteurs est qu’ils manquent cruellement de puissance par rapport aux turbos. Malgré un matériel peu compétitif, Nigel va signer cette année-là quelques très grandes performances. Ainsi, lors du premier Grand Prix de la saison, qui marque aussi son retour à la compétition après son terrible accident de Suzuka, il réussit la prouesse de placer sa Williams-Judd en première ligne entre les deux Mc Larens! Cela restera la meilleure performance d’un moteur atmosphérique en essai en 1988, et lorsque l’on sait à quel point Mc Laren a écrasé la saison, on mesure mieux l’ampleur de cette performance. La Williams connaît un manque de fiabilité dramatique et Nigel ne termine que deux courses, mais à chaque fois sur le podium (2ème à Silverstone et Jerez)! Il faut noter qu’il rate deux Grands Prix à cause d’une … varicelle. Il est temps pour lui de changer d’air et il succombe enfin aux offres de la scuderia Ferrari (la marque italienne l’avait sérieusement contacté pour conduire pour elle en 1986). Cela fait de Nigel le dernier pilote à avoir été engagé par Enzo Ferrari qui décède au mois d’août.

Sa première course pour Ferrari se transforme en triomphe puisqu’il remporte le GP du Brésil devant Alain Prost sur l’invincible Mc Laren! Si cette victoire est chanceuse, elle est surtout la première d’une technologie qui fera long feu, la boîte semi-automatique au volant. L’année sera beaucoup plus frustrante par la suite puisqu’il va collectionner les abandons jusqu’à la mi-saison. Une honnête fin de saison le voit terminer au 4ème rang du championnat. Deux évènements marquent sa saison. Tout d’abord, il obtient l’un de ses plus beaux succès lors du GP de Hongrie où parti 12ème il vainc en dépassant entre autre Alain Prost, Riccardo Patrese et Ayrton Senna ! Époustouflant ! Le second fait majeur de son année est nettement moins flatteur : il est tout simplement exclu du championnat pour le GP d’Espagne à la suite d’un incident peu banal au GP du Portugal. Se battant pour la victoire, il tombe néanmoins sous le coup d’un drapeau noir (disqualification). Prétextant ne pas le voir il continue sa route et … percute Senna ! Les deux pilotes se retrouvent sur le carreau et Nigel paiera le prix fort. C’est alors le premier pilote suspendu pour un Grand Prix depuis Patrese en 1978.

En 1990, Alain Prost rejoint les rangs de la scuderia et ne tarde pas à se mettre tous les dirigeants de l’équipe sous le bras. La saison sera pénible pour Nigel, accablé par les problèmes mécaniques la plupart du temps. Il signe quand même quelques performances de choix, glane trois poles (Prost n’en réussit pas une) et remporte un mouvementé GP du Portugal. De plus, sa bagarre avec Berger au Mexique reste dans toutes les mémoires. Désabusé, il annonce sa retraite après un énième abandon au GP de Grande-Bretagne sur son circuit fétiche où il aurait dû encore une fois gagner. Heureusement il revient vite sur sa décision, mais il est temps de changer d’air. Un retour au bercail, chez Williams, devient vite la meilleure solution. Il finit péniblement 5ème au championnat.

C’est un Mansell « tout neuf » qui arrive fin 1990 chez Williams. D’ailleurs, Frank Williams le trouve endurci par ses deux années chez Ferrari. Si ce transfert est intéressant sportivement, c’est surtout un bol d’air psychologique car il revient dans une écurie qu’il connaît parfaitement et où on l’apprécie. Il y retrouve notamment Riccardo Patrese. Si en 1988 il avait complètement étouffé le pilote Italien sur la piste, il en va différemment en 1991. Riccardo devance régulièrement le Britannique aux essais pendant la première moitié de la saison et remporte même la première victoire de l’équipe cette année-là. Le tournant de la saison pour Nigel a lieu en France où il remporte une magnifique victoire après s’être défait d’Alain Prost deux fois! C’est une parfaite revanche sur l’an passé et il déclara avoir pris « beaucoup de plaisir à doubler cette Ferrari ». Il enchaîne alors sur deux autres succès en Grande-Bretagne et en Allemagne, et se présente ainsi comme le challenger d’Ayrton Senna au championnat du monde. Pourtant, rivaliser avec le Brésilien s’avère difficile car Senna a débuté la saison en trombe en remportant les quatre premières courses du calendrier. Au final Nigel termine vice-champion, à distance respectable du nouveau triple champion du monde. L’image que tout le monde retient de cette année est l’incroyable mano à mano auquel se sont livré les deux protagonistes au titre mondial lors du GP d’Espagne. Nigel tente un dépassement dans la ligne droite des stands (la plus longue de la saison) et les deux voitures se retrouvent roues contre roues sur plusieurs centaines de mètres. Le jeu est simple : le premier qui freine est battu. Les roue se frottent parfois, et finalement Nigel passe. Ce morceau de bravoure allié à l’esthétique de la scène fait de cet événement le dépassement de la décennie.

Champion, enfin !

La saison 1992 se révèle exceptionnelle pour Nigel Mansell puisqu’il va littéralement exploser tous les compteurs statistiques sur une saison. Son bilan est éloquent, presque choquant pour la concurrence : 9 victoires, 14 poles, 8 meilleurs tours en course, 108 points marqués et 52 points d’avance sur son second. Il est sacré champion du monde cinq courses avant la fin du championnat!!! Beaucoup prétendent que la Williams est beaucoup trop simple à piloter, que n’importe qui gagnerait avec. Cette discrimination représente sans nul doute la meilleure motivation pour Nigel qui met un point d’honneur à toujours donner son maximum. Il commence l’année par un extraordinaire record, le premier d’une longue série. Il remporte en effet les cinq premières courses de l’année (en réalisant à chaque fois la pole!). Si Nigel annihile rapidement tout suspense, il ajoute le panache à la performance, notamment en Espagne où il joue au funambule sur une piste détrempée. Ce sans-faute est malheureusement stoppé à Monaco. Nigel n’a jamais remporté ce Grand Prix bien qu’il y ait été toujours très à l’aise. Après une nouvelle pole, il se balade et semble promis à la victoire jusqu’à ce qu’il s’arrête à son stand à quelques tours de l’arrivée suite à une crevaison … imaginaire! Il ressort deuxième derrière Senna. Ce qui va suivre est alors irréel. Il rattrape rapidement le Brésilien mais met en évidence la stupidité de rouler sur un tel tracé : plus rapide de trois secondes (!!!) au tour, il est dans l’incapacité de dépasser son concurrent. Il va couvrir les cinq derniers tours dans la boite de vitesse de la Mc Laren sans jamais pouvoir l’inquiéter! L’accolade entre Nigel Mansell et Ayrton Senna après la course démontre une nouvelle fois le fair-play de Nigel. Sa plus spectaculaire prestation aura lieu à Silverstone où il lamine toute forme de concurrence comme rarement un pilote a pu le faire. Il relègue aux essais son équipier à près de deux secondes et Senna à presque trois! Sa course est une succession de records du tour, et sans un arrêt de sécurité aux stands il aurait peut-être pris un tour à tout le monde. La liesse qui suit ce magistral succès est hallucinante. Des milliers de spectateurs envahissent la piste pendant le tour de décélération et la Williams du héros slalome entre les fans. La foule est telle qu’il doit stopper sa machine et fuir … dans une ambulance! Inutile de préciser que la Formule 1 sera retrouvée complètement dépouillée. Ce jour-là Nigel vit le triomphe absolu de sa carrière, un délire que peu ont pu apprécier (citons Fangio en Argentine en 1955 et Senna au Brésil en 1991).

C’est en Hongrie que Nigel remporte le titre, en terminant 2ème, une fois n’est pas coutume. Il succède ainsi à Senna, le vainqueur du jour, au palmarès du championnat du monde. 1992 est donc l’année de Super Mansell comme l’a titré Auto Sprint. Tout le monde salue son sacre ô combien mérité, mais tellement tardif. Mieux vaut tard que jamais… Bien qu’au sommet de sa gloire, Nigel ne voit pas son contrat avec Williams renouvelé. En effet Williams est en contact avec Prost et le Français convainc l’écurie championne du monde de l’engager. Nigel sait à quel point Prost est capable de se mettre l’équipe dirigeante dans sa poche et refuse de collaborer de nouveau avec lui. Au matin du GP d’Italie, Nigel organise une conférence de presse à la barbe de son écurie, où il annonce à la surprise générale qu’il quitte la F1! Les larmes aux yeux, le champion est interrompu dans son discours par un émissaire de son équipe qui lui propose devant une assistance médusée d’augmenter son cachet s’il continue à courir pour Williams. C’est consternant… On apprend quelques jours plus tard que Nigel a signé pour le Newman-Haas racing, et qu’il va par conséquent disputer le championnat IndyCar! Il semble à ce moment-là évident que Nigel ne courra plus jamais dans le championnat du monde de F1. Pourtant, 19 mois après le GP d’Australie 1992 qui aurait dû être son dernier, il est au départ du GP de France.

Sans doute Nigel n’aurait-il jamais voulu revenir en F1, en tous les cas pas dans ces conditions. Mais l’attrait de la compétition et la triste disparition d’Ayrton Senna en décident autrement. Ses premiers essais dans la Williams se déroulent en Angleterre la semaine qui précède le GP de France, devant un parterre de journalistes … et 10000 spectateurs! Pour son grand retour, il se qualifie en première ligne à Magny Cours, à quelques millièmes de son équipier Damon Hill. Bien moins à l’aise trois mois plus tard au GP d’Espagne, il se retrouve à la dérive en milieu de peloton. Il faut attendre sa troisième prestation, au Japon, pour enfin revoir le Nigel de la grande époque. Il est alors l’un des principaux protagonistes d’un GP qui se déroule sous le déluge. Il conclut la saison en apothéose au GP d’Australie (pole puis victoire) et offre le titre constructeur à Williams. Malgré ce final, Frank Williams a l’audace de faire confiance au jeune David Coulthard pour la saison suivante, privant ainsi Nigel de volant. Reste alors un seul échappatoire : Mc Laren. Le dilemme est de savoir si Nigel est vraiment motivé par cette aventure : il n’a plus rien à prouver, n’est finalement revenu en F1 qu’à cause de « circonstances », et en plus il vient de remporter son dernier Grand Prix. La raison voudrait qu’il arrête les frais maintenant. Pourtant, le moustachu est tenace, et persuadé qu’il a encore de beaux jours devant lui. Il entame des négociations avec l’écurie de Woking. Au début de janvier, la nouvelle tombe : Nigel conduira une Mc Laren en 1995.

La magique association des trois M (Mc Laren, Mercedes, Mansell) fait rêver, et les plus optimistes ne tardent pas à faire des plans sur la comète. Le résultat sera désastreux pour tout le monde. Et comment pouvait-il en être autrement dans un couple Mansell-Dennis que tout oppose réuni ici uniquement par profit? Les problèmes apparaissent dès les premiers tours de piste qu’effectue Nigel fin janvier. Outre une tenue de route délicate, dont se plaint aussi son jeune équipier Mika Hakkinen, Nigel n’est pas à l’aise dans son cockpit, trop étroit pour le vieux lion. Le problème est tel que Nigel va déclarer forfait pour les deux premières manches du championnat! Devant sa télévision il va pouvoir constater la somme de travail à déployer pour rendre compétitive sa voiture. Son retour, en demi-teinte à lieu à Imola pour le GP de Saint-Marin. Il se qualifie 10ème, juste derrière Hakkinen et luttera pour la sixième place jusqu’à un malheureux accrochage avec le bouillant Eddie Irvine. Si cette course est plutôt prometteuse, le désenchantement sera total au GP d’Espagne. Sa monoplace est tout simplement inconduisible, et Nigel tire tout droit à pratiquement tous les virages. Il arrête les dégâts et abandonne rapidement, après être descendu dans les profondeurs du classement. La semaine qui suit confirme ce que beaucoup redoutait : Mc Laren et Nigel Mansell mettent fin à leur collaboration. Nigel se retrouve à pied… Il valait mieux pour Nigel arrêter maintenant plutôt que de ternir son image par une année entière de galères. N’a-t-il pas après tout remporté son antépénultième Grand Prix? Le GP d’Espagne 1995 reste donc le dernier auquel a participé Nigel Mansell, c’était son 187ème. Malgré tout, son aventure en F1 n’était pas totalement terminée … cela aurait été bien trop simple !

A la surprise générale, Nigel conduit la Jordan Peugeot lors d’essais en décembre 1996 à Barcelone. Pour le champion britannique, il s’agit simplement de reprendre contact avec une monoplace. Il jugera ensuite s’il est bon ou non qu’il reconduise en compétition. C’est évidemment un « coup » pour Eddie Jordan, mais aussi pour Nigel que l’on sent décidé à reprendre le volant d’une voiture de course, et pas forcément une F1. Durant ces essais il ne cesse de monter en puissance et termine sa session à 3/10ème de seconde du meilleur temps de Ralf Schumacher, la nouvelle recrue de l’écurie. Malgré ce résultat encourageant après plus de 18 mois d’inactivité, Nigel annonce quelques jours plus tard qu’il ne conduira pas une Jordan en 1997. Le jeudi 12 décembre, sous le crachin catalan, le champion du monde 1992 a pour la dernière fois officiellement piloté une F1, plus de 17 ans après y avoir pris goût pour la première fois. La boucle est ainsi définitivement bouclée.